- Le nombre est effarant.À la commémoration de Yom Hazikaron de cette année, nous pleurons en plus les 718 soldats, policiers et membres des forces de sécurité nationales ainsi que les 811 victimes civiles d’actes terroristes, qui ont perdu la vie depuis le 7 octobre dernier. Une profonde tristesse envahit tout le pays et, certes, le monde juif, alors que nous nous souvenons des noms et des histoires de ceux et celles qui ont fait le sacrifice ultime pour notre patrie juive.Sans oublier que nous déplorons toujours 132 otages détenu(e)s à Gaza depuis 220 jours.Ceux et celles qui pleurent des êtres chers n’ont pas besoin de Yom Hazikaron pour se rappeler leur perte — car ils et elles portent ce fardeau tous les jours —, cependant, la souffrance d’une nation s’est exprimée de manière palpable à 11 heures ce matin en Israël. Alors que les sirènes retentissaient, nous avons respecté deux minutes de silence pour nous souvenir des 25 040 pères, mères, fils et filles qui ont perdu la vie depuis la Guerre d’indépendance de 1948.Hier encore, nous avons inauguré un migonit— un abri anti-bombes — au kibboutz Lahav dans le Néguev, à la mémoire du Montréalais Alexandre Look z"l, victime de l’attaque du Hamas le 7 octobre. Il s’agit d’une initiative de la division de la Philanthropie GenMTL — nos jeunes adultes ont amassé des fonds pour acheter quatre abris anti-bombes en mémoire d’Alex. Comme tant d’autres en cette triste journée, Alex a été un héros en sauvant la vie d’autres personnes au détriment de la sienne.L’histoire d’Alex est celle de tant de personnes d’ici en Israël et d’ailleurs dans le monde juif depuis le 7 octobre. Ces histoires d’héroïsme et de résilience ont réaffirmé notre force en tant que nation, même dans les périodes les plus sombres.Samedi soir, la chanteuse israélienne Eden Golan a représenté Israël à la finale d’Eurovision. Confrontée à une haine et à un antisémitisme inimaginables dans les rues de Malmö, en Suède, et protégée par un service de sécurité comparable à celui du premier ministre israélien, elle ne s’est pas découragée. Même si elle a été huée sur scène, elle a incarné l’esprit inébranlable et la résilience du peuple juif au cours de sa prestation. Tandis que les jurés européens étaient trop lâches et craintifs pour lui accorder les points qu’elle avait si justement mérités, la population européenne a fait entendre sa voix en lui accordant le deuxième plus grand nombre de votes. Et même si Eden Golan n’a pas remporté l’Eurovision, sa force, sa persévérance et sa résilience symbolisent l’Israël aujourd’hui.En dépit d’une tristesse insoutenable et d’un monde qui a oublié les raisons qui nous ont permis d’en arriver où nous sommes aujourd’hui, peu de mots peuvent décrire l’esprit de résilience et de force qui prévaut en Israël. D’innombrables héros ont émergé et des citoyens ordinaires se sont mobilisés pour qu’Israël reste fort en dépit d’une adversité impensable.מגש הכסף – « le plateau d’argent » sur lequel repose l’État d’Israël est composé des histoires d’innombrables héros et héroïnes qui ont fait le sacrifice ultime pour que nous ayons une patrie juive. Yisrael Suissa z"l, parachutiste courageux des Forces de défense israéliennes et soldat solitaire de Montréal, incarne cet héroïsme. Il est décédé dans un accident de la route alors qu’il était en permission après plus de 100 jours à Gaza. Malgré la sécurité que procure l’éloignement des lignes de front, sa perte pendant une brève période de paix souligne à quel point des sacrifices sont exigés malgré les accalmies.L’histoire de Yisrael Suissa rappelle celle de tous ceux et celles qui ont payé le prix ultime, notamment Jason (Yehoshua) Friedberg z"l. Comme Yisrael, son engagement en des temps très incertains illustre de manière frappante le coût élevé à payer pour assurer la sécurité de notre patrie. Diplômé de l’école secondaire Herzliah de Montréal, Jason Friedberg avait fait son aliyah en 1993, au plus fort de la première guerre du Golfe, alors que des missiles Scud irakiens pleuvaient sur Israël. Lorsqu’il est arrivé en Israël, on lui a demandé pourquoi il faisait son aliyah à une période aussi tumultueuse. Sans hésiter, il a répondu : « Lorsque le feu fait rage dans votre maison, vous ne fuyez pas, vous y accourez. » Jason Friedberg a été assassiné par des terroristes il y a 31 ans alors qu’il rentrait à sa base militaire. En tant que soldat solitaire, il est enterré au National Memorial Hall for Fallen Soldiers au Mount Herzl. Jason Friedberg et Yisrael Suissa sont tous les deux des symboles de résilience et de courage qui définissent notre nation.Alors que nous entamons la transition de Yom Hazikaron à Yom Ha’atzmaout, célébrant l’indépendance d’Israël, n’oublions jamais les 25 040 héroïnes et héros israéliens qui sont morts au combat pour protéger notre seule et unique patrie juive. Leur message résonne profondément en nous, alors que nous nous dressons fièrement en tant que nation offerte sur un « plateau d’argent » — unie, forte et résiliente. Leur sacrifice nous a donné la possibilité et la responsabilité de vivre fièrement et librement notre judaïsme.Que leur souvenir soit pour toujours une bénédiction.Am Yisrael Chai.
Yair Szlak, LL. BPrésident et chef de la directionFédération CJA